Dans la série Adolescence, il devient clair que le numérique est un espace à la fois d’expressions et de danger. Comprendre le cyberharcèlement et ses formes cachées y compris à travers certains emojis est donc essentiel pour protéger les adolescents et accompagner ceux qui vivent plus que jamais entre écran et réalité.
Sur Netflix, la série Adolescence plonge dans l’univers complexe de la jeunesse de 2025. On y suit des personnages en pleine construction, tiraillés entre leur relation amicales, familiales et amoureuses, mais aussi confrontés à l’influence omniprésente des réseaux sociaux. Sans entrer dans les détails de l’intrigue, la force de la série réside dans sa manière de capter les doutes, les espoirs et les contradictions d’une génération qui grandit sous le regard constant d’Internet et, par conséquent, le regard des autres. Adolescence met en lumière les codes, les pressions et les dynamiques propres au monde du numérique, rappelant ainsi que la vie en ligne n’est jamais déconnectée de la vie réelle.
Cet aspect résonne particulièrement avec une problématique centrale : le cyberharcèlement. Un terme désignant toute forme de harcèlement se déroulant sur Internet : insultes, menaces, moqueries, diffusion de rumeurs ou encore exclusion d’un groupe en ligne.
Contrairement au harcèlement « classique », le cyberharcèlement ne s’arrête pas aux murs de l’école ou aux horaires de cours : il se poursuit de jour comme de nuit, envahit chaque espace de la vie quotidienne en créant un sentiment d’intrusion permanent.
Le harcèlement, de manière générale, renvoie à des comportements répétés destinés à intimider, blesser et/ou isoler une personne. Lorsqu’il est associé au préfixe « cyber », il prend une dimension amplifiée par les technologies numériques : anonymat des agresseurs, rapidité de diffusion des messages et impossibilité pour les victimes d’y échapper facilement.
La santé mentale est directement concernée ici et ce phénomène est aggravé par un élément propre à internet qui est la rapidité de diffusion de l’information. Cette viralité négative accentue la souffrance des victimes, qui ont alors l’impression de perdre tout contrôle sur leur image et leur intimité.
Dans ce contexte, même les symboles qui semblent les plus anodins peuvent devenir des armes. Les emojis, utilisés pour exprimer des émotions ou illustrer des conversations sont parfois détournés pour humilier ou cibler quelqu’un de manière subtile. Ce langage codé rend le cyberharcèlement encore plus difficile à repérer par les adultes ou les plateformes.
Même si à première vue, les emojis semblent inoffensifs, ils peuvent également devenir redoutables. C’est justement ce qu’a voulu montrer Allianz France à travers une étude menée avec l’IFOP (Institut Français d’Opinion Publique) complétée par une campagne de sensibilisation en ligne, dans la presse mais aussi dans les gares et métros de 377 villes de France.
La majorité des adultes (75%) pensent être capables de comprendre le langage SMS mais en réalité seulement 1.3% ont été capables de décoder 6 emojis sélectionnés par Allianz, là où leur signification était profondément insultante et dangereuse.
Cela illustre l’écart générationnel majeur : de nombreux parents peuvent interpréter positivement un message dont le sens est en réalité toxique. Et pourtant 82% des participants à l’enquête sont favorable au fait que ce langage codé accentue le risque de harcèlement.
Le harcèlement scolaire et le cyberharcèlement sont devenus des enjeux majeurs de santé publique. Les chiffres sont sans appel : en France, 20 % des jeunes de 8 à 18 ans déclarent avoir déjà été victime de cyberharcèlement, parmi lesquels 51% sont des filles avec une moyenne d’âge de 13 ans.
Ce constat alarmant se double d’une véritable explosion des cas, notamment pendant le confinement : le harcèlement en ligne a augmenté de 57% en 2020. Sur une échelle plus large, une étude indiquait qu’en 2019, plus de 40% des moins de 18 ans en France ont subi des attaques répétées sur les réseaux sociaux, les forums ou les messageries.
Face à cette urgence sociale, plusieurs réponses ont été mises en œuvre pour protéger les jeunes :
- Le 3018 qui est un numéro national d’aide ouvert à tous les mineurs victimes ou témoins de cyberviolences. Il est gratuit, confidentiel et accessible par téléphone, chat, application ou messagerie. Géré par l’association e-Enfance, il permet aussi de déclencher des signalements accélérés pour faire disparaître des contenus ou comptes nuisibles en quelques heures.
- L’association Respect Zone propose un label anti-haine à afficher dans les établissements et à disposition une charte prônant le respect sur Internet
- Stop Fisha, association féministe qui lutte contre les cyberviolences sexistes avec accompagnement juridique, psychologique et plaidoyer en ligne.
Ces mesures montrent clairement que la prévention du cyberharcèlement ne repose pas uniquement que sur des signalements : elle demande aussi de former, sensibiliser et renforcer les compétences des jeunes. C’est ici que l’Ecole EDBS trouve sa place : en tant qu’actrice clé formant des professionnels conscients de ces enjeux et capables d’agir en médiateurs numériques responsables.
Grâce à une pédagogie intégrant digital, prévention et responsabilité citoyenne, l’EDBS accompagne les futurs experts en communications de concevoir des programmes éducatifs ou des campagnes de prévention percutantes. Cette expertise est essentielle afin de pouvoir anticiper et prévenir les dérives numériques et ainsi protéger la santé mentale des plus jeunes. Parce que comprendre, c’est déjà prévenir, et former les consciences de demain est une des clés pour construire un espace numérique plus sain et plus respectueux.